Histoire

L’histoire de l’Eglise du Sacré-Cœur

1906 – 1930 : Les filles de la Charité de Saint Vincent de Paul

Aux origines de notre paroisse, il y a la venue en Roumanie, dès 1906, des Filles de la Charité de Saint-Vincent de Paul, appelées par le Prince Vladimir Ghika. Il avait connu, admiré et partagé leur dévouement parmi les pauvres à Thessalonique, où son frère Démètre était Consul.

Les trois premières Soeurs fondent dans le quartier Grivitza, non loin de la gare du Nord, un petit dispensaire „Bethleem Mariae”. Durant la 2e guerre balkanique entre riverains de la Mer Noire (1913), les soeurs de la Charité participent avec le Prince Ghika à un service d’ambulances en soignant les victimes du choléra, en Bulgarie notamment . Une médaille militaire „à titre civil” récompensera leur mentor. Pendant la Première Guerre mondiale, fuyant Bucarest occupée par les Allemands, elles accompagnent en Moldavie l’armée, le gouvernement, le Roi Ferdinand et la Reine Marie. Soeur Pucci y mourra de la dysenterie.

Vers 1912 les soeurs de la Charité acquièrent sur la chaussée Jianu un ancien pavillon de chasse sur le terrain duquel va bientôt s’élever l’hôpital St-Vincent de Paul – aujourd’hui Hôpital Dr Parhon Bd Aviatorilor n° 34 – avec une maternité et un dispensaire où des médecins bénévoles dispensent des soins gratuits, les riches payant pour les pauvres. Soeur Soize préside à la réalisation de ce beau projet, soutenu par le Prince Vladimir Ghika (orthodoxe de naissance, il est entré dans l’Eglise catholique en 1902). En 1930 est érigée la grande chapelle publique (devenue notre église paroissiale), desservie par les Pères lazaristes, pour lesquels a été érigé un presbytère à l’autre angle du quadrilatère. Ils font aussi office d’aumôniers de l’ensemble hospitalier et de la communauté des Soeurs.

Entretemps en 1923, à l’âge de 50 ans, le Prince Ghika est devenu prêtre à Paris. Aumônier des étrangers, prêtre dans la banlieue rouge de Villejuif où il jette les bases d’une future paroisse, fondateur de communauté nouvelle à Auberive sur le plateau de Langres, aumônier des Congrès Eucharistiques Internationaux, il revient chaque été quelques semaines en famille à Bozieni en Moldavie.

1939 – 1957 : Monseigneur Ghika et la fermeture de la « Chapelle française »

Quand éclate la Seconde Guerre mondiale, l’hôpital des soeurs de la Charité accueille des malades et blessés réfugiés polonais. Mgr Ghika (il n’était pas évêque, mais prélat d’honneur), ayant choisi et obtenu de ne pas retourner en France, s’installe chez son frère et participe activement à l’apostolat autour de la paroisse gréco-catholique Saint-Basile d’une part, de l’église latine Saint-Vincent de Paul et des services hospitaliers d’autre part.

En 1944, avec l’avance de l’Armée Rouge, retournement d’alliance: le Roi Michel destitue le Maréchal Antonescu, les Américains bombardent Bucarest, les Allemands se retirent et l’Armée soviétique arrive en libératrice, préparant le pouvoir communiste local (Anna Pauker; Petru Groza, Gheorghe Gheorhiu-Dej et consorts) – avec d’abord l’abdication forcée et l’exil du Roi Michel (décembre 1947), puis l’installation d’une éphémère république fantoche à laquelle préside l’honorable Dr Parhon, endocrinologue de renom. L’hôpital où il officiait, comme toutes les institutions d’Eglise, est confisqué : pour sauver ce qui peut l’être, les Filles de la Charité le vendent à l’Etat français, représenté par Robert Schuman, alors ministre des Affaires Etrangères.

A l’automne 1948, la persécution éclate, les Soeurs sont interdites d’activités, expulsées de leur couvent – et du pays pour les étrangères. Les anciennes se regroupent dans une maison du quartier, avec une postulante qui le restera jusqu’en 1990. Les plus jeunes sont dispersées ou envoyées à Oradea. Mais les communistes se gardent d’occuper l’église et le presbytère, où résident les PP. Schorung et François Van der Jonckheydt, un Belge. C’est là que Mgr Ghika trouve refuge, jusqu’à son arrestation le 18 novembre 1952. Le P. Schorung ayant été rappelé en France, le P. Van der Jonckheydt reste seul desservant de l’église, jusqu’à son expulsion en 1957 et la fermeture de la „chapelle française”.

Pendant plus de 30 ans, l’église restera fermée, subissant de graves dommages lors du tremblement de terre de 1977. L’Etat français assure les réparations essentielles (pose des tirants métalliques qui aujourd’hui encore en maintiennent la structure). Le presbytère sert de logement d’appoint à des coopérants scolaires. A partir des années 1980, deux fois l’an aux grandes fêtes, un prêtre français vient célébrer la messe pour les membres du corps diplomatique.

Depuis 1989 : La réouverture de la paroisse après la révolution

Dès janvier 1990, avec l’appui d’un groupe d’Africains francophones, des démarches sont faites par l’archevêque Mgr Ioan Robu pour obtenir la réouverture de l’église catholique du Sacre-Coeur. Elles aboutissent en 1991 et dès le mois d’avril, chaque dimanche l’église est ouverte pour une messe en français. Le Père Ioan Ciobanu est nommé curé d’une nouvelle paroisse territoriale roumaine, tandis qu’un prêtre de langue française assure la pastorale pour cette communauté linguistique.

La Compagnie de Jésus, qui cherche à se redéployer dans le pays, propose l’un des siens pour ce poste. Le Père Luc Duquenne arrive à Bucarest le 17 novembre 1991. Le lundi 18, l’église est rendue au culte quotidien. La paroisse est érigée canoniquement le 1er décembre 1991.

Dès son arrivée, des familles demandent de mettre sur pied le service de la catéchèse pour les enfants de l’école française (Collège et Lycée Anna-de-Noailles) et offrent leur collaboration. Un important groupe de prière africain constitue la base de la chorale. Dans le courant de l’été 1992, à son tour le presbytère est remis à notre disposition. En 1995 les questions de propriété entre les Etats roumain et français trouvent une solution: l’hôpital restera roumain. Une convention régit dès lors les rapports entre l’archidiocèse latin de Bucarest et l’Etat français, propriétaire de l’église et de la maison paroissiale. Une aumônerie est établie de plein droit dans le cadre du collège et lycée français.

La communauté roumaine est nombreuse, pratiquante, et l’église petite. Le dimanche, trois messes ne sont pas de trop pour assurer ce service, dans lequel le Père Luc Duquenne seconde le curé roumain (eucharisties, confessions …). A partir de 1998, l’abondance de vocations roumaines permet l’adjonction d’un vicaire au service de leur communauté. S’y succéderont les PP. Francisc Cosa, Ciprian Bejan, Marcel Lungeanu, Liviu Bulai, Maximilian Lucaci, Ioan-Thomas Raileanu. En 1999-2000, le minuscule presbytère s’augmente d’une nouvelle aile, d’un étage supplémentaire et de plusieurs salles, ainsi que d’un mur d’enceinte avec galerie, tel que nous les connaissons aujourd’hui. En mai 2005 une statue de Mgr Ghika, réplique de celle du Musée National, est érigée sur le square qui bientôt prendra son nom.

A partir de l’Avent 1992, à l’insistance de familles de diplomates nigérians, le P. Georg Sporschill, jésuite autrichien, fondateur du réseau Concordia pour les enfants des rues, inaugure la messe du samedi soir en anglais. A Noêl 1995, un membre de cette communauté, Irakien fonctionnaire international‚ demande une célébration pour ses compatriotes de rite chaldéen: ils sont plus d’une centaine, commerçants, réfugiés… Leur communauté s’organise et nous célébrons pour eux à tour de rôle une liturgie „latine” aménagée.

A partir de 2008, les Libanais maronites obtiennent un prêtre résident et fondent une nouvelle paroisse. Le P. Zakhia Zgheib, leur curé, prend également en charge la communauté chaldéenne de langue arabe, qui continue à se réunir au Sacré-Coeur, le samedi soir ou le dimanche après-midi selon les saisons. Depuis quelques années, la communauté libanaise a construit sa paroisse à Dimieni, à proximité de Bucarest, où elle se réunie chaque semaine.

A l’été 2010, le Père Eduard Giurgi succède au P. Ioan Ciobanu comme Curé de la paroisse roumaine. Il est aussi docteur en droit canonique, juge ecclésiastique pour le diocèse de Bucarest et professeur à l’université de théologie de Bucarest.

A l’automne 2011, le Père Michel Kubler, assomptionniste français, devient chapelain de la communauté de langue française jusqu’en septembre 2015.

Le 16 septembre 2015, l’abbé Ioan-Thomas Raileanu, prêtre du diocèse de Bucarest, par ailleurs vicaire à la paroisse roumaine du Sacré-Cœur, est nommé nouveau Chapelain de la communauté francophone de l’archidiocèse de Bucarest.

A partir du 1er septembre 2021, l’abbé Francisc Dobos est nommé nouveau curé de la paroisse. Il a la charge de la communauté roumaine, de la communauté anglophone et de la communauté philippines. Il célèbre donc aussi la messe en anglais chaque samedi à 18h et, le troisiem dimanche du mois à 14h, il célèbre la messe pour la communauté philippine de Bucarest.

La communauté francophone est une communauté multinationale (on compte 13 nationalités sur la paroisse), avec beaucoup de jeunes familles et des enfants. Chaque dimanche 150 personnes se retrouvent pour la messe dominicale  à l’église du Sacré Coeur. La catéchèse est proposée à environs 100 enfants et jeunes francophones toutes les semaines. De nombreuses activités pastorales sont proposées tout au longue de l’année pour les adultes et les familles.

Deo Gratias!

Contact: paroisse@sacrecoeur.ro