Dès l’origine de l’Église, les fidèles furent assidus à se réunir, le jour du Seigneur, autour de l’apôtre, puis de son successeur, l’évêque, ou de son représentant, l’Ancien ou « prêtre ». Comme dans les réunions juives, la proclamation de la Parole de Dieu tenait une grande place, axée sur la personne de Jésus, réalisateur des promesses messianiques. Puis, le prêtre, reprenant les paroles et les gestes de Jésus, insérait le récit de la Cène dans une prière d’action de grâce (en grec « eucharistie »), consacrant ainsi le pain et le vin et les distribuant, devenus corps et sang du Christ, aux fidèles présents.
Très vite donc, le schéma général de la messe apparaît, même pour sa célébration aux jours ordinaires, avec la liturgie de la parole, la prière eucharistique et la communion.
La Cène du Seigneur
« Je suis le pain vivant, descendu du ciel. Qui mangera de ce pain vivra à jamais. Et le pain que je donnerai, c’est ma chair pour la vie du monde » (Jn 6,51)
Ces paroles étonnantes de Jésus ont trouvé leur réalisation pendant le repas pascal qu’il prit avec ses disciples la veille du Jeudi saint. Au moment d’entrer librement dans Sa Passion, Jésus, dans un geste d’amour, offre au Père tout ce qu’il va souffrir. « Prenant du pain, dit Luc, (Lc 22,19-20), il rendit grâce, le rompit et le leur donna en disant : Ceci est mon corps, donné pour vous : faites ceci en mémoire de moi. Il fit de même pour la coupe après le repas, disant : Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang, versé pour vous. »
Par ce geste et par ces paroles, Jésus offre sa vie, son corps et son sang sous des signes séparés, our de nouveaux rapport d’amour, pour « une nouvelle alliance » entre Dieu et les hommes. En même temps, il se donne à ses disciples en nourriture spirituelle sous les apparences du pain et du vin. Tout le mystère pascal est ici présent : le sacrifice offert au Père pour les péchés du monde, et la Vie nouvelle dans l’amour, gage d’immortalité que donne Jésus, le pain vivant.
L’Église et la messe
« Faites ceci en mémoire de moi » : l’Église, appelée et purifiée par son Sauveur, reçoit la mission de refaire le geste, de redire les paroles qui assurent la présence de l’Agneau de Dieu parmi les siens, dans le mystère de l’unique sacrifice de Jésus, celui de la Croix.
Mais en même temps, l’Église, épouse attentive, y joint chaque jour son propre sacrifice, invitant chaque fidèle à faire aussi avec Jésus l’offrande de sa propre vie. C’est pourquoi elle convoque à la messe tout le peuple des baptisés pour célébrer dans la joie le triomphe de Jésus sur le péché et la mort. Nous atteignons là le coeur et le but de toute la liturgie : sous l’impulsion de l’Esprit d’amour, tout rassembler dans le Christ pour élever vers le Père l’hommage éternel de l’adoration et l’action de grâce.
Sur les rudes chemins de son pèlerinage terrestre, l’Église, et chacun de nous, a la présence vivante de Jésus-Hostie, centre de la vie de prière, lien visible de l’unité ecclésiale et source de toute fécondité missionnaire.