Année johannique

Jeanne d’Arc : le mystère demeure

Que sait-on de sainte Jeanne quand on a lu sa vie, entendu le récit de ses victoires, de son procès et de son supplice ?

On sait ce qu’elle a fait, mais pourquoi l’a-t-elle fait ? Où a-t-elle puisé cette force indomptable qui convainquait un roi hésitant, entraînait les armées, emportait la victoire et stupéfiait les juges eux-mêmes ?

La plus grand lumière nous vient des paroles de Jeanne elle-même sur les Voix qu’elle a entendues. Ce sont ces Voix qui l’ont guidée, qui lui ont insufflé la force de soutenir son prodigieux combat. Mais les Voix demeurent un mystère. Pourquoi des anges et des saintes se sont-ils adressés à cette jeune fille ? Pourquoi lui ont-ils confié cette extraordinaire mission de délivrer une patrie terrestre ? Pourquoi Dieu a-t-Il dicté cette mission à Jeanne par ses envoyés et pourquoi a-t-Il choisi cette humble paysanne ? S’Il a voulu sa victoire, pourquoi l’abandonne-t-il au supplice ?

Cette enfant a quitté sa famille pour obéir au Père céleste, elle a aimé l’Église de toute son âme et ce sont pourtant des hommes d’Église qui la condamnent au plus horrible supplice.

Durant toute sa vie, elle n’a cessé de dominer les plus incroyables contradictions : très belle et très pure, contemplative et chef de guerre, animatrice des assauts et consolatrice des blessés, brave et charitable, patriote et sans haine, visionnaire et pleine d bon sens, humaine et surnaturelle, fière et humble à la Cour et devant ses juges, elle fut un miracle d’équilibre et de sainteté.

En vérité, le mystère de Jeanne demeure humainement inexplicable : on ne peut entrevoir quelque lumière sur elle qu’en faisant appel à des mystères encore plus profonds et avant tout au mystère suprême de Jésus-Christ, l’Homme-Dieu totalement pur et mis en croix, chargé de tous les péchés des hommes. Il y a d’étonnants reflets de la Passion du Christ dans le drame de Jeanne.

Le privilège du chrétien, c’est qu’il n’a rien à ajouter ni à retrancher à ce que Jeanne a dit et fait. Il sait que cette vie contient un secret impénétrable. C’est un livre scellé par Dieu lui-même qui, seul, connut le mystère de Jeanne et l’inspira.