Actualité En paroisse

La Porte de la Miséricorde

« Ouvrez toutes grandes les portes au Christ. »
Saint Jean Paul II

La Porte sainte : explications

Le commencement de l’Année jubilaire est toujours solennellement marqué par l’ouverture d’une Porte sainte par le pape en la Basilique Saint-Pierre au Vatican. Mais, en ce Jubilé de la Miséricorde, le Pape François a souhaité également dans chaque diocèse qu’il y ait une porte de la Miséricorde de telle sorte que tout un chacun puisse à travers le monde faire une démarche jubilaire. Pour Bucarest, cette Porte se trouve à la Cathédrale Saint Joseph, 19 rue Berthelot.

Historique
La tradition d’une porte sainte à l’occasion d’un jubilé remonte au XVème siècle : selon la description faite en 1450 par un certain Giovanni Rucellai de Viterbe, ce fut le Pape Martin V qui, en 1423, ouvrit pour la première fois dans l’histoire la Porte sainte de la basilique Saint-Jean de Latran. Ses successeurs, en particulier le Pape Alexandre VI en 1499, maintinrent cette tradition et l’étendirent aux quatre basiliques majeures, à savoir outre Saint-Jean-de-Latran, les basiliques de Saint-Pierre au Vatican, Sainte-Marie-Majeure et Saint-Paul-hors-les-Murs.
Avant le jubilé de l’an 2000, il était de coutume que le souverain pontife ouvre la Porte sainte de la basilique Saint-Pierre, puis déléguait ce pouvoir à un cardinal pour l’ouverture des portes dans les trois autres basiliques. Le pape Jean-Paul II rompit avec cette tradition en procédant lui-même à l’ouverture et à la fermeture de chacune de ces portes. Celle de la basilique Saint-Pierre restant la première à être ouverte et la dernière à être fermée.

Symbolique
En 1975, le rituel de la fermeture et de l’ouverture de la Porte sainte fut changé afin de mieux mettre en valeur le symbole de la porte. D’une certaine façon, jusqu’en 1975, le rite mettait l’accent sur le mur qui empêchait l’accès en temps normal à la Porte sainte. Le rite d’ouverture consistait donc en la démolition du mur, ce qui soulignait davantage le côté exceptionnel et jubilaire. Ainsi, la symbolique attachée au rite utilisait des outils de maçonnerie : le marteau pour faire tomber le mur, la truelle pour bâtir, des briques portant des inscriptions et marques du pontificat, de l’eau bénite pour bénir les pierres et briques, des pièces portant l’effigie du Souverain Pontife pour permettre de dater la construction du mur de la Porte sainte. La porte elle-même n’était pas décorée et consistait seulement en deux battants de bois, non ouvragés.
A Noël 1975, le rite de fermeture de la Porte sainte fut modifié. Le Pape n’utilisa plus la truelle et les briques, pour commencer la reconstruction, mais referma simplement les battants d’une porte de bronze. Même si le mur qui refermait la porte de l’extérieur fut par la suite reconstruit à l’intérieur de la basilique, la symbolique évoluait pour mettre désormais l’accent sur la porte et non plus sur le mur.
Une porte, dans la vie quotidienne, a plusieurs fonctions, toutes reprises par le symbole de la Porte sainte : elle marque la séparation entre l’intérieur et l’extérieur, entre le péché et l’ordre de la grâce (Mi 7,18-19) ; elle permet d’entrer dans un nouveau lieu, dans la révélation de la Miséricorde et non de la condamnation (Mt 9,13) ; elle assure une protection, elle donne le salut (Jn 10,7).

Jésus a dit: « Moi, je suis la porte » (Jn 10, 7). Il n’y a en effet qu’une seule porte qui ouvre toute grande l’entrée dans la vie de communion avec Dieu, et cette porte, c’est Jésus, chemin unique et absolu de salut. A lui seul on peut appliquer en toute vérité la parole du Psalmiste: « C’est ici la porte du Seigneur: qu’ils entrent, les justes! » (Ps 118 [177], 20).

La Porte sainte rappelle la responsabilité qu’a tout croyant d’en franchir le seuil : c’est une décision qui suppose la liberté de choisir et en même temps le courage d’abandonner quelque chose, de laisser derrière soi quelque chose (cf. Mt 13, 44-46); passer par cette porte signifie professer que Jésus-Christ est le Seigneur, en raffermissant notre foi en lui, pour vivre la vie nouvelle qu’il nous a donnée. C’est ce que le Pape Jean-Paul II avait annoncé au monde le jour même de son élection :« Ouvrez toutes grandes les portes au Christ. »

Le Mystère de la Croix
Au début du récit biblique, Adam et Eve sont chassés par leur faute du jardin d’Eden et le Seigneur Dieu « posta, à l’orient du jardin d’Éden, des anges, armés d’un glaive fulgurant, pour en garder l’accès » (Gn 3,24). A l’inverse, à la fin du dernier livre biblique, il est dit que désormais dans la Jérusalem céleste « jour après jour, jamais les portes ne seront fermées, car il n’y aura plus de nuit ». Entre ces deux moments de l’histoire humaine et du récit biblique, entre la fermeture des portes du paradis terrestre et l’ouverture permanente des portes de la Jérusalem céleste, se trouve Jésus le Christ qui vient apporter aux hommes la Rédemption. (Dives in Misericordia, §7)

En effet, « Dieu a tant aimé le monde qu’il lui a donné son Fils unique » (Jn 3,16). Ainsi, loin de condamner l’homme, Dieu inlassablement vient jusqu’à lui. Il avait dit, comme l’atteste le livre de la Genèse, que « cela était bon ». (Gn 1, 18-25) Dieu ne se renie pas : malgré le péché des hommes, il envoie son Fils pour « restaurer dans la descendance d’Adam la ressemblance divine, altérée dès le premier péché. » (Gaudium et Spes 22,2) afin que le monde retrouve sa bonté.

C’est sur la Croix, comme le dit Saint Jean-Paul II dans sa première lettre encyclique Redemptor Hominis, §9, que : le Dieu de la création se révèle comme le Dieu de la Rédemption, Dieu « fidèle à lui-même » (1 Th 5, 24), fidèle à son amour envers l’homme et envers le monde, tel qu’il s’est déjà révélé au jour de la création. Et son amour est un amour qui ne recule devant rien de ce qu’exige sa justice. C’est pourquoi le Fils « qui n’avait pas connu le péché, Dieu l’a fait péché pour nous ». (2 Cor 5, 21; cf Gal 3, 13) S’il « a fait péché » celui qui était absolument sans péché, il l’a fait pour révéler l’amour qui est toujours plus grand que toutes les créatures, l’amour qu’il est Lui-même, « car Dieu est amour » (1 Jn 4, 8.16). Et surtout, l’amour est plus grand que le péché, que la faiblesse, que la caducité de la créature (Rm 8, 20), plus fort que la mort; c’est un amour toujours prêt à relever et à pardonner, toujours prêt à aller à la rencontre du fils prodigue (Lc 15, 11-32), toujours à la recherche de « la révélation des fils de Dieu », qui sont appelés à la gloire (Rm 8, 18-19). Cette révélation de l’amour est aussi définie comme la miséricorde (Summa Theol. III, q. 46, a. 1, ad 3), et cette révélation de l’amour et de la miséricorde a dans l’histoire de l’homme un visage et un nom: elle s’appelle Jésus-Christ. (C’est donc par sa mort et sa résurrection que Jésus relève l’homme du péché. Il manifeste alors « pleinement l’homme à lui-même et lui découvre la sublimité de sa vocation » (Gaudium et Spes 22,1). En effet, par sa mort, Jésus ne fait pas seulement justice du péché mais il « rend à l’amour la force créatrice grâce à laquelle l’homme a de nouveau accès à la plénitude de vie et de sainteté qui vient de Dieu. De la sorte, la rédemption porte en soi la révélation de la miséricorde en sa plénitude. » (Dives in Misericordia, §7)

Marie
Dans ce plan de salut, Marie occupe une place éminente : « quand vint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils, né d’une femme, né sujet de la Loi, afin de racheter les sujets de la Loi, afin de nous conférer l’adoption filiale. » (Ga 4, 4-5) Ce plan divin s’il est donc pleinement révélé et accompli par la mort et résurrection du Christ (cf. Col 1, 12-14; Rm 3, 24; Gal 3, 13; 2 Co 5, 18-29) réserve et consacre la place unique de Marie (Lumen Gentium, 63).

Dès l’Annonciation, celle-ci se voit saluée comme « pleine de grâce » par l’ange (Lc 1, 28), elle est choisie par Dieu c’est-à-dire qu’elle participe à la volonté éternelle de Dieu de sauver l’homme par la participation à sa propre vie (2 P 1, 4). Naturellement, cela dépasse sa nature, et Marie de s’interroger : « Comment cela pourra-t-il se faire ? » (Lc 1,34) Mais elle consent à la grâce qui lui est faite, elle accepte sur elle de recevoir la Miséricorde de Dieu (Lc 1, 38) Aussi, quelques temps plus tard, lors de la Visitation, Marie proclame sur le seuil de la maison de sa cousine Elizabeth les merveilles de Dieu et dit : « Sa miséricorde s’étend de génération en génération. »

Marie est donc celle qui, d’une manière particulière et exceptionnelle – plus qu’aucune autre – a expérimenté la miséricorde de Dieu, et en même temps s’est associée à la révélation de la miséricorde divine. (Redemptor hominis, §9)
Non seulement, Marie est « celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur » (Lc 1, 45) mais elle celle aussi qui nous dit, à propos de Jésus : « Faites tout ce qu’il vous dira » (Jn 2, 5)

C’est au pied de la Croix, alors que s’accomplit l’œuvre de la Miséricorde, que le rôle éminent de Marie se voit explicité. Le récit de l’évangéliste Jean est particulièrement concis : « Près de la croix de Jésus se tenaient sa mère et la sœur de sa mère, Marie, femme de Cléophas, et Marie Madeleine. Jésus, voyant sa mère, et près d’elle le disciple qu’il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui. » (Jn 19, 25-27) Celle qui était la Mère du Sauveur nous est donné par Lui, à l’heure de sa mort, comme notre propre mère. Les paroles que Jésus prononce du haut de la Croix signifient donc que la maternité de la Mère de Dieu trouve désormais un prolongement pour nous (Redemptoris Mater, §9) : sur la Croix, le Christ nous donne Marie comme Mère de Miséricorde.

(source: http://fr.lourdes-france.org)